ASSURANCE CHôMAGE : LA RéFORME VISE à « RAMENER LES GENS VERS L'EMPLOI », DéFEND CATHERINE VAUTRIN

La réforme de l'assurance chômage annoncée par Gabriel Attal vise à « ramener les gens vers l'emploi », selon Catherine Vautrin. Pour rappel, la ministre du Travail a été chargée par le Premier ministre, invité du 20h de TF1 mercredi soir, « de préparer de nouvelles négociations » sur l'assurance chômage en vue d'une réforme d'ici l'automne.

« Le Premier ministre a ouvert des pistes parce que notre priorité, c'est le dialogue social », a affirmé ce jeudi matin la ministre, qui a assuré que « nous faisons cette réforme pour ramener les gens vers l'emploi ». Il faut pour cela « essayer d'accompagner au plus vite », car « plus vous restez longtemps au chômage, moins vous avez de chances de retrouver un boulot », a-t-elle fait valoir.

🔴 Assurance chômage ➡️ "Nous faisons cette réforme pour l'emploi, pour ramener les gens vers l'emploi", explique Catherine Vautrin. pic.twitter.com/hnjR8FMLiO

— franceinfo (@franceinfo) March 28, 2024

Interrogée sur l'excédent de l'assurance chômage, Catherine Vautrin a assuré que « la trajectoire est à 11 milliards en 2027 » et rappelé que ce régime « permet de financer la formation ».

« C'est un investissement social que d'accompagner celles et ceux qui sont dans une situation de chômage parce que c'est leur permettre de rebondir. »

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Revenant sur les « pistes » évoquées par Gabriel Attal, Catherine Vautrin a expliqué que « ce sur quoi on peut travailler, c'est, d'une part, les conditions d'affiliation ». En clair, « combien de temps faut-il travailler sur une période donnée pour bénéficier du chômage ? ». Aujourd'hui, « en deux ans, il faut avoir travaillé six mois. Ça se discute », a-t-elle lancé.

Un autre sujet serait « la durée d'indemnisation », aujourd'hui de 18 mois en règle générale, a-t-elle assuré, en rappelant que le Premier ministre ne privilégiait pas la piste du montant de l'indemnisation. Les annonces du chef du gouvernement constituent « une position de négociation », a-t-elle martelé.

Trois pistes pour réformer l'assurance chômage

Mercredi soir, Gabriel Attal a annoncé avoir demandé à sa ministre du Travail « de préparer de nouvelles négociations, qu'on puisse relancer une discussion avec les partenaires sociaux autour d'une vraie réforme, plus globale de l'assurance chômage ».

« Une des pistes, c'est de réduire cette durée d'indemnisation de plusieurs mois », mais « je ne pense pas qu'il faille que ça aille en dessous de douze mois », a déclaré Gabriel Attal au micro de TF1.

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Le chef du gouvernement a évoqué les deux autres « pistes » pour réformer l'assurance chômage : à savoir toucher au temps minimal qu'il faut avoir travaillé pour bénéficier du chômage - aujourd'hui six mois lors des deux dernières années - et le « niveau d'indemnisation du chômage ». Cette dernière « piste » a « moins (sa) préférence » mais « on va laisser les partenaires sociaux travailler ».

« Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l'été pour qu'elle puisse entrer en vigueur d'ici à l'automne, comme je m'y suis engagé », a-t-il ajouté.

« Mon objectif, ce n'est pas de m'en prendre à tel individu ou aux chômeurs, c'est de faire bouger un système pour inciter davantage à la reprise d'emploi », a encore estimé le Premier ministre.

Les syndicats vent debout contre une nouvelle réforme

La CGT a qualifié d'« inacceptable » l'annonce d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage. « C'est inacceptable dans la méthode et dans le fond, la seule chose annoncée par Gabriel Attal ce soir, c'est encore taper sur les précaires ou les chômeurs », a déclaré à l'AFP Denis Gravouil, négociateur pour la CGT dans les négociations sur l'assurance chômage.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon prévient pour sa part : « Attention, le régime d'assurance chômage ne peut pas être une variable d'ajustement budgétaire de l'Etat ! ».

« Une nouvelle réforme est annoncée, cela ne nous empêchera pas de terminer la négociation en cours et de respecter nos engagements, la CFDT continuera de pousser des revendications pour que les efforts soient équitablement répartis », a ajouté la leader du premier syndicat français.

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François Hommeril, président de la CFE-CGC, considère que l'annonce de Gabriel Attal est « la caractérisation de ce qu'est un discours populiste, c'est-à-dire méconnaître les faits, braver la réalité sans aucun état d'âme ». « Je suis médusé par le ton, par le cynisme absolu de ce discours qui méconnaît ce que c'est la situation d'un chômeur : on va lui imposer des mesures de rétorsion comme s'il était responsable en partie ou en totalité de sa situation. C'est faux. »

Le leader de la CFTC, Cyril Chabanier, s'est lui dit « très inquiet ». « Rendre plus difficile l'accès au chômage ou baisser l'indemnisation, c'est quelque chose qui ne fonctionne pas, ça n'a jamais fonctionné ». Michel Beaugas (FO) a, de son côté, dénoncé « une belle fable » du Premier ministre « selon laquelle c'est l'assurance chômage qui empêche les employeurs d'embaucher ».

Les économistes sont sceptiques

Les économistes interrogés par La Tribune sont également perplexes à l'idée d'un nouveau tour de vis de l'assurance chômage. Et pour cause, aucune étude n'a encore permis de démontrer l'efficacité des réformes controversées de 2019 et de 2023, menées en ce sens par le gouvernement. Bertrand Martinot, économiste à l'Institut Montaigne et spécialiste de la question du chômage, estime notamment qu'«en période de hausse du chômage et de croissance nulle, diminuer les durées d'indemnisation n'aura aucun impact sur le retour à l'emploi ».

Interrogé sur la perspective d'une nouvelle réforme, Clément Carbonnier s'attend lui à « des effets négatifs sur les conditions de vie et les salaires des chômeurs et des non-chômeurs ». « Plus on serre la vis sur les règles du chômage, plus on met de pression sur les salaires de tous les travailleurs », explique-t-il, ces réformes ayant pour conséquence de « diminuer le pouvoir de négociation des travailleurs ».

(Avec AFP)

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