AU BRéSIL, MACRON APPELLE à CONSTRUIRE UN NOUVEL ACCORD ENTRE L'UE ET LE MERCOSUR

Emmanuel Macron persiste et signe. Début février, après que Bruxelles a signifié que les conditions n'étaient pas réunies pour conclure l'accord commercial entre l'Europe et les pays du Mercosur ( Argentine, Brésil, Uruguay, Bolivie et Paraguay), le chef de l'Etat s'en était félicité. Au Brésil, mercredi, il a de nouveau mis « les pieds dans les plats ».

 « L'accord UE-Mercosur tel qu'il est aujourd'hui négocié est un très mauvais accord, pour vous et pour nous », s'est exprimé le président français lors d'un Forum économique à Sao Paulo. « Dans cet accord il n'y a rien qui prend en compte le sujet de la biodiversité et du climat. Rien ! C'est pour cela que je dis qu'il n'est pas bon », a asséné le chef de l'Etat devant un parterre d'hommes d'affaires brésiliens.

Emmanuel Macron a appelé de ses vœux la conclusion d'un autre accord qui tienne compte des enjeux environnementaux pour l'UE comme pour le Mercosur. « Finissons-en avec le Mercosur d'il y a 20 ans! Bâtissons un nouvel accord (...) qui soit responsable d'un point de vue de développement, de climat et de biodiversité », a-t-il enchaîné. Avant d'ajouter :

« Un accord de nouvelle génération avec des clauses miroirs qui facilitera l'accès au marché européen de vos entreprises (...) et qui sera plus exigeant de part et d'autre avec nos agriculteurs, nos industriels ».

« Nous devrions exploiter au maximum les opportunités en vue d'échanges plus importants entre l'Union européenne et le Mercosur. Nous avons encore du temps » lui a répondu le ministre brésilien de l'Économie Fernando Haddad mercredi à Sao Paulo.

Les discussions ont commencé en 1999

Le projet de traité, dont les discussions ont commencé en 1999, entend supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones en créant un espace de plus de 700 millions de consommateurs. Après un accord politique en 2019, l'opposition de plusieurs pays dont la France a bloqué son adoption définitive, une opposition qui s'est renforcée avec la crise agricole en Europe. D'autres pays européens comme l'Allemagne et l'Espagne plaident en revanche pour sa conclusion et son entrée en vigueur.

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Avant cette séquence, Emmanuel Macron avait célébré avec son homologue brésilien la « force » du partenariat bilatéral en assistant au baptême du troisième sous-marin brésilien de conception française sur le chantier naval d'Itaguai, près de Rio. Cela « va permettre que deux pays importants, chacun dans un continent, se préparent pour que l'on puisse faire face à l'adversité », a lancé Lula, le président brésilien.

L'accord conclu entre les deux pays en 2008 prévoyait la fabrication de quatre sous-marins à propulsion classique via des transferts de technologie française. A partir du cinquième, celui-ci à propulsion nucléaire, la France va assister le Brésil dans la conception de son submersible, à l'exception de la chaufferie nucléaire, vecteur de souveraineté par excellence qui relèvera de la compétence exclusive de Brasilia.

« Si le Brésil veut avoir accès aux connaissances de la technologie nucléaire, ce n'est pas pour faire la guerre » mais pour soutenir les pays « qui veulent la paix », a assuré Lula.

Les grands enjeux internationaux au cœur des discussions ce jeudi

Pour le dernier jour de sa visite ce jeudi, Emmanuel Macron sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux. Il devrait rappeler toute la place que le G20, présidé cette année par le Brésil, doit selon lui continuer à accorder à la guerre en Ukraine.

Lula, qui se pose en champion du « Sud global », affirme pour sa part que les responsabilités sont partagées en Ukraine et refuse de prendre parti contre la Russie. Le président brésilien persiste aussi à accuser Israël de « génocide » envers les Palestiniens à Gaza, tout comme l'Afrique du Sud.

Le projet de ratification du Ceta ne sera pas présenté à l'Assemblée nationale avant les Européennes

Le projet de ratification du Ceta, traité de libre-échange entre l'UE et le Canada appliqué provisoirement depuis 2017, ne sera pas transmis à l'Assemblée nationale avant les élections européennes.

Le 21 mars, grâce à une alliance gauche-droite de circonstance, le Sénat s'était opposé à la ratification du Ceta, traité de libre-échange entre l'UE et le Canada appliqué provisoirement depuis 2017. Dans la foulée, les députés communistes avaient annoncé leur intention d'inscrire le texte dans leur temps parlementaire réservé - leur « niche » prévue le 30 mai à l'Assemblée -, à dix jours des élections européennes, mais le gouvernement semblait vouloir temporiser. Mardi, dans un entretien au Figaro, Franck Riester, ministre délégué au Commerce extérieur, a annoncé que « le projet de loi sera transmis le moment venu, mais pas avant les élections européennes, car ce sujet nécessite un temps de débat apaisé ».

Selon lui, « l'alliance contre-nature au Sénat entre le groupe communiste et une partie des sénateurs LR est non seulement une manigance politique, mais aussi un mauvais coup infligé à nos entreprises, nos agriculteurs et viticulteurs, nos producteurs de fromage, et à tous ceux qui travaillent dans les entreprises françaises exportatrices vers le Canada ».

L'accord du Ceta, qui supprime l'essentiel des droits de douane entre UE et Canada, « est bon pour la France. Quand ils sont défavorables, comme celui avec le Mercosur, nous nous y opposons », ajoute-t-il. En cas de rejet par l'Assemblée nationale, l'équation deviendrait alors très complexe pour le gouvernement : soit il notifie à Bruxelles qu'il ne peut ratifier le traité et cela entraînerait la fin de son application provisoire pour toute l'Europe; soit il temporise au risque de s'attirer les foudres des oppositions qui crieront au déni démocratique.

(Avec AFP)

2024-03-28T06:42:50Z dg43tfdfdgfd