PâQUES: LES CHOCOLATIERS ASSURENT AVOIR LIMITé LA FLAMBéE DES PRIX MAIS S'INQUIèTENT POUR NOëL

Fêter Pâques avec du chocolat sera un plaisir plus coûteux cette année. La faute essentiellement à l'inflation des matières premières comme le sucre et le cacao. Le cours de la précieuse fève a littéralement flambé ces derniers mois: +130% entre janvier 2023 et février 2024 suite à de mauvaises récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana, les premiers producteurs de cacao au monde.

Pour les fabricants, PME familiales ou grandes entreprises, l'équation est complexe. Comment placer le curseur pour faire que les chocolats de Pâques restent un produit accessible sans pour autant plomber leur modèle économique? En effet, Pâques est le deuxième temps fort de l'année pour ce produit, après Noël. Les Français dépensent en moyenne 22,60 euros en chocolat pour cette fête.

Chez les industriels, les prix flambent

Du côté des produits fabriqués par les industriels ou les grandes PME, vendus en grande distribution, les prix des oeufs et autres lapins en chocolat seront en hausse de 5% en moyenne, selon l'association UFC Que Choisir. Une hausse difficile à encaisser pour les foyers, déjà éreintés par l'inflation alimentaire.

"Sur 80 chocolats enquêtés, la hausse s’établit à 5% entre Pâques 2023 et 2024”, ce qui est plus que l’inflation alimentaire qui se situe à 3% sur la même période, note l’étude.

Mais c'est une moyenne, certains produits stars vont bien au-delà. Exemple avec la boite de six Kinder Surprise spéciale Pâques qui est passée de 6 à 6,70 euros, soit +11,6%. La cloche de 16 Ferrero Rocher, elle, grimpe de 50 centimes. Quant au célèbre lapin au chocolat au lait de Lindt, "son prix moyen est de 3,87 euros cette année, contre 3,63 euros l’an dernier, soit une hausse de 6,6%".

"On pourrait comprendre de tels niveaux de prix si les produits étaient bio ou issus du commerce équitable, mais ce n'est pas le cas ici", dénonce l'association. "Peut-être les industriels de la confiserie rattrapent-ils leur retard, leurs produits ayant augmenté de 14% sur deux ans quand le rayon alimentaire flambait de 20%?", s'interroge-t-elle.

Un chiffrage confirmé par Gilles Rouvière, secrétaire général du Syndicat du chocolat. "La hausse est de 5% même si c'est une moyenne à prendre avec des pincettes", souligne-t-il.

Les prix avec la grande distribution ont été négociés fin 2023

Le secteur assure s'être mobilisé "pour limiter la hausse du prix final et maintenir ce plaisir accessible pour tous les budgets". Impossible pour les petits fabricants de répercuter intégralement les récentes hausses du cacao sur les prix de vente au détail, il faut donc piocher dans les marges.

"Mécaniquement, il y a un effort sur la marge mais la hausse est maîtrisée car les prix ont été fixés avec les distributeurs il y a plusieurs mois (fin 2023, NDLR) au moment où la hausse des cours du cacao était moins forte. Reste que tous les acteurs de la filière doivent prendre leur part", explique Gilles Rouvière.

La grande distribution assure également avoir limité ces hausses car les achats sont réalisés longtemps à l'avance.

"Nous, on a anticipé la demande de chocolats de Pâques donc l’impact, là, est limité, assure-t-il. C’est moins de 10% de hausse", explique ainsi sur RMC/BFMTV, Dominique Schelcher, PDG de Système U.

Les artisans prennent sur leurs marges

Pour les petits artisans, les marges de manoeuvre sont plus étroites et chacun décide en fonction de son profil, de ses coûts et de sa cible. Le chocolatier artisanal Patrick Roger explique sur BFMTV "ne pas avoir augmenté ses prix cette année".

"Ce n'est pas possible, on perd trop de potentiel de clients, on a besoin d'avoir de la rotation dans les magasins", assure-t-il avant d'expliquer "prendre sur ses marges".

Pour d'autres toutefois, pas d'autres choix que d'augmenter sensiblement le prix, là encore autour de 5%.

Malgré tout, pour cette saison de Pâques, la filière reste confiante. "On a de la chance, il y a un rapport très étroit entre les Français et le chocolat, on a une base forte. Pâques est une fête attendue, le chocolat est un achat plaisir et les Français ont plus que jamais besoin de réconfort et, malgré toutes les crises, les ventes sont en hausse", souligne Gilles Rouvière. En effet, les ventes de Pâques 2023 avaient été globalement en hausse de 4,6% en volume par rapport à 2022.

En réalité, avec un cours du cacao qui a atteint cette semaine les 10.000 dollars la tonne, l'inquiétude pour les prix concerne davantage Noël prochain.

"L’impact est attendu vraiment sur les tablettes dans les semaines qui viennent. Sur le chocolat de Noël, c’est sûr, il faut s’attendre à un impact fort. Et probablement sur Pâques 2025, si la donne ne change pas", prévient Dominique Schelcher, directeur général de Système U.

"Les négociations de prix avec la grande distribution pour Noël prochain débutent en ce moment et c'est vrai que nous sommes inquiets. Si on veut que les PME passent cette période, les prix devront augmenter, il y a un danger pour la pérennité de ces entreprises qui sont fragilisées", souligne Gilles Rouvière. Néanmoins, le responsable souligne qu'il faut "décorréler le prix du cacao avec le prix de vente. Il y aura des augmentations oui, mais ça ne va pas exploser", rassure-t-il.

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