VISITE DE XI JINPING EN FRANCE : EMMANUEL MACRON ET OLAF SCHOLZ SE SONT ENTRETENUS POUR « ALIGNER LEURS POSITIONS » FACE à LA CHINE

Paris et Berlin veulent parler d'une même voix lors de la visite du président chinois lundi en France. Xi Jinping sera d'abord reçu par Emmanuel et Brigitte Macron à Paris, où un dîner d'État est prévu à l'Élysée, puis, le 7 mai, les deux couples se rendront dans les Hautes-Pyrénées.

Et si cette visite « intervient à l'occasion des 60 ans des relations diplomatiques entre les deux pays », selon les services de l'Elysée, c'est également l'occasion pour le président français d'aborder les nombreux sujets de crispation qui tendent les relations franco-chinoises mais aussi celles entre Pékin et l'Union européenne.

« Aligner leurs positions »

Emmanuel Macron et le chancelier allemand, Olaf Scholz, ont donc échangé, jeudi soir, lors d'un dîner informel à Paris, pour « aligner leurs positions » avant la visite d'Etat en France du président chinois, a-t-on indiqué, ce vendredi, dans l'entourage du chef de l'Etat français. Un dîner qui avait été présenté comme privé par l'Elysée, mais dont plusieurs photos officielles - des deux couples, tout sourire - ont été publiées dans la foulée sur les réseaux sociaux, dont une partagée simultanément par les dirigeants eux-mêmes.

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Selon l'entourage d'Emmanuel Macron, l'Elysée avait proposé au chancelier allemand de se joindre à la rencontre trilatérale prévue lundi entre le président français, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Xi Jinping. L'idée était de rééditer le format de 2019, quand Emmanuel Macron avait associé la chancelière Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, prédécesseur de celle-ci, à un échange avec son homologue chinois à Paris.

Mais Olaf Scholz n'a pas pu accepter, car il avait un déplacement déjà prévu en Lettonie et en Lituanie, fait-on valoir côté français. L'agenda était, en effet, « fixé de longue date », a confirmé ce vendredi à Berlin un porte-parole de la chancellerie, Wolfgang Büchner, devant la presse, estimant que, du coup, la question d'une telle participation allemande ne s'était pas vraiment posée.

Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron et Olaf Scholz s'entretiennent en amont d'une rencontre avec le président chinois. Ils l'avaient, en effet, fait par visioconférence avant la visite en Chine du chancelier mi-avril, et en avaient ensuite discuté à son retour lors d'un sommet européen à Bruxelles.

« Aborder en Européen la discussion avec Xi Jinping »

Les deux dirigeants ont ainsi pu accorder leur violon lors du dîner de jeudi soir auquel ont également participé leurs épouses et qui s'est tenu à la brasserie parisienne La Rotonde où Emmanuel Macron a ses habitudes. « Cette conversation va permettre au président de la République d'aborder en Européen la discussion avec Xi Jinping », a, en effet, dit un membre de son entourage.

« La concertation en amont entre l'Allemagne et la France est toujours très étroite », « c'est un bon exercice, et nous allons poursuivre cette coopération franco-allemande dans ce domaine, notamment sur le thème de la sécurité », a déclaré, pour sa part, le porte-parole du chancelier.

Avec l'objectif de défendre les intérêts de l'Europe, comme l'a indiqué Emmanuel Macron cette semaine. Dans une interview au journal britannique The Economist, le président a appelé l'Europe à défendre ses « intérêts stratégiques » face à la Chine. « C'est un de mes objectifs principaux en accueillant le président Xi Jinping, il faut tout faire pour engager la Chine sur les grandes questions mondiales et avoir un échange sur nos relations économiques qui reposent sur la réciprocité », a-t-il ajouté. « Aujourd'hui nous devons avoir sur le plan commercial avec la Chine un comportement respectueux, mais de défense de nos intérêts, de réciprocité et de sécurité nationale », a encore insisté Emmanuel Macron, qui a dit ainsi soutenir les enquêtes ouvertes par la Commission européenne sur le véhicule électrique, le photovoltaïque, l'éolien concernant des subventions chinoises soupçonnées de fausser la concurrence.

Subventions massives

Dans le viseur de la Commission européenne en effet : les subventions massives accordées par Pékin à son industrie qui défavorisent celle européenne, selon Bruxelles. Notamment dans le cas des voitures électriques. Dans l'interview parue dans The Economist, Emmanuel Macron a ainsi estimé qu'elles sont « taxées à 10% » sur le marché européen alors que leur production est « massivement aidée » par l'exécutif chinois. A l'inverse, les véhicules électriques européens, pour lesquels « l'Europe a des règles qui limitent les aides » à leurs producteurs, sont « taxés à 15% » sur le marché chinois.

Et « il ne faut pas oublier les enjeux de sécurité nationale », souligne-t-il également. « Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose », a-t-il encore ajouté.

Liens entre Pékin et Moscou

Autre sujet qui devrait être abordé avec Xi Jinping : les liens entre la Chine et la Russie. Appelant à une solution de paix, les autorités chinoises, qui se disent officiellement neutres, n'ont jamais condamné l'invasion russe. Le président russe Vladimir Poutine doit d'ailleurs se rendre en Chine en mai. Deux semaines plus tôt, le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a, lui, accusé Pékin de « soutenir l'économie de guerre de la Russie » en partageant des technologies de pointe qui peuvent être utilisées pour produire des missiles, des chars et des avions. « La Chine affirme vouloir entretenir de bonnes relations avec l'Occident. Dans le même temps, Pékin continue d'alimenter le plus grand conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé lors d'une remise de prix à Berlin sur les liens transatlantiques. « Ils ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre », a-t-il conclu.

Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait déjà appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l'égard de l'Ukraine « et tout le monde à la table des négociations ». Le président chinois s'était alors dit, en tête-à-tête, prêt à appeler son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la délégation française. Le coup de fil avait de fait eu lieu peu après. Mais les avancées diplomatiques escomptées par Paris sur le front russo-ukrainien s'étaient arrêtées là.

(Avec AFP)

2024-05-03T13:57:39Z dg43tfdfdgfd