POUR LA NASA, LE PROGRAMME SPATIAL DE LA CHINE CACHE DES OBJECTIFS MILITAIRES

Les dissensions entre la Chine et les Etats-Unis prennent de l'altitude. Selon Bill Nelson, patron de la Nasa, la Chine déguise un programme spatial militaire sous l'apparence d'un programme civil.

« La Chine a fait d'énormes progrès, particulièrement dans les 10 dernières années, mais ils sont très, très secrets », a déclaré Bill Nelson devant une commission chargée des dépenses à la Chambre des représentants, à Washington. « Nous pensons qu'une grande partie de ce qu'ils appellent leur programme spatial civil est en fait un programme militaire. Je voudrais que la Chine, le programme spatial chinois, revienne à la raison et comprenne que le spatial civil est fait pour une utilisation pacifique. Mais nous n'avons pas vu la Chine démontrer cela »

Bill Nelson était entendu par les élus américains à l'occasion de la demande de budget annuel pour l'agence spatiale américaine. Interrogé par l'un d'eux sur les conséquences d'une potentielle perte de leadership des Etats-Unis dans l'espace face à la Chine, il a affirmé que cela ne devrait pas se produire : « Mais il faut être réaliste. La Chine investit beaucoup d'argent là-dedans. »  Et d'ajouter: « Je pense que nous ne devrions vraiment pas baisser la garde. »

Une course décisive vers la Lune

Selon lui, les Etats-Unis se trouvent désormais engagés dans une « course » avec Pékin. Il a souligné que les Etats-Unis devaient réussir à atterrir sur la Lune avant les Chinois, qui compte aussi envoyer des humains d'ici 2030. Il s'est dit « inquiet » que la Chine « y arrive en premier, et dise soudainement, voilà, c'est notre territoire ». L'agence prend déjà du retard. Début janvier, la Nasa a annoncé le report de près d'un an des deux prochaines missions de son grand programme de retour sur la Lune, Artémis.

La mission Artémis 2, lors de laquelle un équipage de quatre astronautes doit faire le tour de la Lune sans y atterrir, est repoussée de fin 2024 à septembre 2025. Ce retard est dû à davantage de vérifications de sécurité nécessaires, a expliqué la Nasa, notamment sur le bouclier thermique de la capsule dans laquelle l'équipage voyagera. Artémis 3, qui doit renvoyer des astronautes sur la surface lunaire pour la première fois depuis la fin du programme Apollo, est repoussée de fin 2025 à septembre 2026. Là, les retards de développement de deux éléments essentiels à la mission sont en cause : un alunisseur, commandé à SpaceX, et des combinaisons spatiales confiées à Axiom Space.

La Chine a envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003 - très longtemps après les Soviétiques et les Américains en 1961 - et des équipages se relaient depuis pour assurer une présence continue au sein de la station spatiale Tiangong-2 procédant à des expériences scientifiques et testant de nouvelles technologies. En 2019, un engin chinois s'est posé sur la face cachée de la Lune. Puis, en 2021, la Chine a fait arriver un petit robot à la surface de Mars.

 Les temps sont aux économies pour la Nasa

Autre handicap pour les Etats-Unis, les temps sont aux économies : la Nasa cherche ainsi des moyens de rapporter sur Terre des roches prélevées sur Mars de façon plus rapide et moins coûteuse, a annoncé mi-avril l'agence spatiale américaine, après des critiques sur son budget jugé « irréaliste ». Cette annonce est intervenue alors que la mission chinoise Tianwen-3 pour le retour d'échantillons venus de la planète rouge devrait être lancée vers 2030, selon les médias d'Etat, dans un contexte de rivalités entre les deux puissances.

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La Nasa et l'Agence spatiale européenne (ESA) avaient prévu de faire atterrir un vaisseau autour du cratère Jezero, où le rover Perseverance a passé des années à chercher des signes d'une vie microbienne ancienne qui aurait pu exister il y a des milliards d'années, lorsque Mars était plus chaude et plus humide qu'aujourd'hui. Trente tubes d'échantillons collectés par le rover seraient chargés dans une petite fusée et lancés en orbite, où un autre vaisseau spatial les amènerait sur Terre.

Mais un récent audit d'une commission d'examen indépendante a douché les espoirs de la Nasa. Selon cet audit, cette mission a été établie « dès le départ avec des attentes irréalistes en matière de budget et de calendrier » et qu'elle a une chance « quasi nulle » de respecter les dates de lancement prévues. Des experts estiment par ailleurs que les coûts totaux pourraient potentiellement atteindre 11 milliards de dollars, soit près du double de ce qu'avait annoncé la Nasa. L'agence est aussi sous le coup des contraintes imposées par le Congrès, et a dû - comme ses ambitions - rabaisser ses demandes budgétaires de deux milliards de dollars pour 2025.

(Avec AFP)

2024-04-18T06:29:48Z dg43tfdfdgfd