IMMOBILIER : LE NOMBRE DE PERMIS DE CONSTRUIRE (ENCORE ET TOUJOURS) EN CHUTE

C'est une baisse qui n'en finit pas. Le nombre de permis de construire a, une nouvelle fois, reculé en février, de 21,8% sur un an, selon les données mensuelles du ministère de la Transition écologique, publiées ce jeudi. Les autorisations de logements ont ainsi diminué pour s'établir à 30.000 (-4% par rapport à janvier).

Au total, entre mars 2023 et février 2024, « 364.800 logements ont été autorisés à la construction, soit 101.900 de moins que lors des douze mois précédents (-21,8%) et 21% de moins qu'au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (mars 2019 à février 2020) », indique le ministère.

Ces statistiques sont le reflet d'une profonde crise de la construction, comme de l'ensemble de la filière du logement. Elle résulte en partie du resserrement de la politique monétaire, entamé il y a un an et demi pour lutter contre l'inflation. La hausse des taux a provoqué un renchérissement du coût du crédit, diminuant le pouvoir d'achat immobilier des acquéreurs. À cela s'ajoutent le resserrement drastique des conditions d'emprunt et le désintérêt des investisseurs pour l'investissement locatif, jugé moins rentable. Sans oublier la flambée des coûts de construction résultant du début du conflit en Ukraine, ainsi que celle des prix du foncier.

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Créer un « choc d'offre »

Pour répondre à la crise du manque de logements, le gouvernement mise sur les logements locatifs intermédiaires. Pour rappel, ils permettent aux classes moyennes de se loger à des tarifs inférieurs de 10% à 15% aux tarifs du marché. Les ministres de l'Économie et du Logement ont ainsi annoncé, mi-mars, la mobilisation d'un milliard d'euros « dans les mois qui viennent » pour réaliser 10.000 logements de ce type. Déjà au second semestre 2023, le gouvernement avait acté une augmentation de capital de 250 millions d'euros au sein de la Société du Logement intermédiaire, pour construire rapidement 4.000 logements supplémentaires, a souligné Bercy.

« Ma feuille de route fixée par le Premier ministre est de réaliser un choc d'offre, avec plus d'offres locatives et plus de logements neufs », a de son côté rappelé le ministre délégué au Logement, Guillaume Kasbarian, dans une interview à La Tribune Dimanche (édition du 24 mars).

Ce « choc d'offre » est une vieille promesse du candidat Macron lors de la campagne pour les élections présidentielles de 2017, qui est ensuite devenue un slogan gouvernemental : « Construire plus, mieux et moins cher ».

Sauf que, depuis sept ans, le nombre de logements collectifs et individuels mis en chantier sur l'ensemble du territoire n'a fait que dégringoler : 437.200 en 2017, 399.500 en 2018, 387.400 en 2019, 357.000 en 2020...

Si un bref sursaut a été ressenti en 2021 suite à la reprise post-Covid - 386.700 habitats qui ont commencé à être érigés - les chiffres sont repartis à la baisse dès 2022, avec 376.200 logements mis en chantier. Une situation qui ne s'améliore pas depuis, voire qui empire.

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Parmi les autres pistes de solution, le gouvernement a proposé en fin de semaine dernière le reclassement de plus de 800 communes en « zone tendue ». Une modification administrative qui doit notamment faciliter l'accès aux ménages vers des prêts à taux zéro dans le neuf.

Une politique qui ne fait pas l'unanimité

La vision du gouvernement n'est toutefois pas partagée par tous les acteurs du secteur.

« La crise du logement s'accélère à un rythme extrêmement inquiétant, face à cela, le gouvernement continue une politique d'austérité, ce qui est pour nous une erreur fondamentale », a ainsi déploré le 1er février, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, dont l'une des principales missions est la lutte contre le mal-logement.

Pour l'Union sociale pour l'habitat (USH), la confédération des bailleurs sociaux, le meilleur moyen de juguler la crise du logement est de mettre en place un « plan de relance par le logement social ». Elle a d'ailleurs lancé un appel en ce sens ce mercredi. « Ce ne sont pas 30.000 logements en trois ans qui vont relancer la machine », a abondé sa directrice générale Marianne Louis, faisant référence aux « 22 territoires » qui se sont engagés à construire 30.000 logements en trois ans, un dispositif annoncé par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de sa déclaration de politique générale fin janvier. Le secteur « qui est à 82.000, ou 125.000 logements (construits) par an il y a quelques années, c'est le secteur HLM, c'est lui qui est le plus efficace dans la relance », a-t-elle appuyé.

La présidente de l'USH, Emmanuelle Cosse, a par ailleurs indiqué qu'il y a aujourd'hui « pas mal de défaillances d'entreprises », ce qui « aura évidemment un impact sur les chantiers ». D'après les prévisions de la Fédération française du bâtiment, compte tenu de l'effondrement du logement neuf, 90.000 emplois seront détruits dans la construction et l'immobilier fin 2024, puis 150.000 mi-2025. « On ne sait pas où ça va s'arrêter », a récemment alerté son président, Olivier Salleron, pointant une « politique du logement sans aucune planification, à la petite semaine, qui entraîne le bâtiment dans la récession ».

(Avec AFP)

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