NON, LES DéPUTéS N’ONT PAS LA FIBRE BOURSIèRE

Dans leur déclaration d’intérêts et d’activités à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), les élus à l'Assemblée nationale doivent mentionner d’éventuelles participations financières directes dans le capital de sociétés. D’emblée, un clivage gauche-droite se dessine : 58 % des députés du groupe parlementaire LR déclarent ainsi détenir des titres, pourcentage qui tombe à 45 % pour le groupe socialiste, et sous 20 % pour les groupes communistes et insoumis.

La droite serait-elle friande d’investissement en actions que la gauche anti-libérale exècre ? Pas si vite ! En réalité, rares sont les députés à détenir des titres cotés en Bourse.

Ce que révèlent les participations des élus

Leurs goûts les portent plutôt vers la pierre. Les sociétés civiles immobilières (SCI) fleurissent en effet dans les déclarations de nos élus : elles sont légion chez LR, mais certains ne sont pas en reste à gauche, Jérôme Guedj (PS) déclarant ainsi des participations dans pas moins de 5 SCI ! On trouve aussi des sociétés de nature entrepreneuriale : la participation de 41 % dans une SELARL déclarée par le LR Stéphane Viry trahit ainsi son métier d’avocat. À gauche aussi, on croise des entrepreneurs-députés, comme le LFI Carlos Martens Bilengo, actionnaire unique de quatre sociétés. Parfois aussi, les déclarations permettent de détecter un certain engagement : le choix d’un établissement bancaire de type mutualiste (Crédit mutuel, Caisse d'épargne, Banque populaire) ou des investissements engagés : une coopérative de production de masques lancée pendant le Covid (Murielle Lepvraud, LFI), ou une centrale d'énergie renouvelable (Jean-Pierre Viguier, LR).

Du CAC 40 dans les portefeuilles

Les «députés boursicoteurs», eux, sont une espèce rare. D’ailleurs, si Marc Le Fur (LR) déclare un portefeuille de 35 titres détenus au sein d'un PEA, il précise que c'est son banquier, et non lui-même, qui en assure la gestion. Sage précaution lorsqu'on estime n’avoir ni le temps, ni les compétences pour ce travail de sélection. Son portefeuille très franco-français est bien diversifié sectoriellement avec des sociétés comme Axa, Dassault Systèmes, LVMH ou L'Oréal. Même goût pour les valeurs tricolores chez Nicolas Ray (LR), qui déclare des participations dans 9 sociétés cotées, toutes hexagonales, dont FDJ, à l'activité encore très orientée vers la France, mais aussi de grands noms comme Saint-Gobain ou Stellantis, bien plus internationalisés. Semblablement, le portefeuille de la députée Renaissance Yaël Braun-Pivet trahit un même goût pour les stars internationales du CAC 40, dont le trio du luxe LVMH, Hermès International, et Kering.

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Quand les députés investissent en actions, ils s’en tirent généralement bien, réussissant à combiner une touche patriotique avec le choix de grands exportateurs par nature moins exposés à la conjoncture française, ce qui a le mérite de bien diversifier les risques.

Le député-actionnaire : une espèce rare

Reste que les députés-actionnaires sont bien rares à droite comme au centre. Et le goût des actions disparaît complètement à gauche. Ah si, il y a bien Antoine Léaument (LFI) ! Mais le modeste portefeuille de trois titres qu’il a déclaré porte les stigmates de choix hasardeux typiques des jeunes investisseurs. Chercher la « pépite » apte à enrichir rapidement conduit souvent vers des micro-capitalisations, attirantes par les mouvements haussiers brutaux qui peuvent les animer. Mais leur volatilité boursière traduit surtout l'absence de fondamentaux solides.

Et notre député insoumis s’est triplement fourvoyé en choisissant une biotech qui, après 25 ans de cotation boursière, continue d'aligner les pertes avec constance (Nicox), un spécialiste des effets spéciaux au cinéma propriétaire d'une belle marque, mais perpétuellement au bord de la faillite (Technicolor, devenu Vantiva), et enfin une entreprise finalement liquidée (Groupe Vial). La leçon à retenir ? Attention aux petites valeurs à la mode, car la mode change souvent.

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