TOYOTA ANNONCE DES OBJECTIFS DéCEVANTS QUI éCLIPSENT UNE ANNéE RECORD

Un bénéfice record, fût-il de 30 milliards d'euros, ne suffit pas forcément à faire le bonheur des investisseurs. Ces derniers ont ainsi affiché leur déception ce mercredi à l'annonce des résultats du géant japonais Toyota : ses performances record sur lors de l'exercice écoulé ont été éclipsés par l'annonce d'un repli marqué des bénéfices sur l'exercice 2024-2025 en raison de lourds investissements.

Toyota a pourtant doublé son bénéfice net au cours de l'exercice 2023-2024, achevé le 31 mars, par rapport au précédent, atteignant un nouveau niveau record de 4.945 milliards de yens (29,7 milliards d'euros). Le résultat opérationnel a lui aussi doublé en l'espace d'un an pour dépasser pour la première fois la barre de 5.000 milliards de yens.

Le leader mondial de l'automobile, qui comprend les marques Toyota, Lexus, Daihatsu et Hino, a notamment bénéficié de l'envolée de ses ventes de véhicules hybrides et la chute du yen, qui gonfle artificiellement ses résultats à l'étranger. Et il a profité d'un effet de base favorable par rapport à ses résultats 2022-2023, qui avaient été perturbés par la pénurie mondiale de semi-conducteurs et une envolée des coûts des matières premières.

Lire aussiToyota investit massivement au Brésil pour augmenter sa production de véhicules hybrides « flexfuel »

Les hybrides pèsent de plus en plus lourd

Le chiffre d'affaires a progressé de 21 %, tirés par les gammes électrique et hybride-électrique. Le nombre de ces véhicules vendus a ainsi bondi de plus de 35 %, loin devant les autres catégories. Ils représentent désormais plus du tiers des ventes. Si les ventes mondiales 100 % électriques de Toyota ont triplé sur un an, elles restent encore modestes, avec 117.000 véhicules. Un chiffre à comparer aux 3,7 millions de véhicules hybrides écoulés par le groupe sur la même période.

Les ventes de véhicules hybrides ont été tirées par des marchés particulièrement dynamiques en Amérique du Nord, en Europe et au Japon. Et en Chine, où tous les constructeurs automobiles étrangers luttent pour rester compétitifs face à des concurrents locaux devenus redoutables et champions dans l'électrique comme BYD, Toyota a résisté en arrachant une petite hausse de ses ventes en volume.

Lire aussiAlliance Renault-Nissan : une trajectoire à deux vitesses

Chute à venir des bénéfices

Mais ces bonnes nouvelles pour le constructeur japonais ont donc été largement ternies par ses prévisions. Il a ainsi annoncé que son bénéfice net devrait chuter de 28 % en 2024-2025, à 3.570 milliards de yens (21 milliards d'euros tout de même). Et le groupe s'attend aussi à un déclin prononcé de son bénéfice opérationnel annuel, de près de 20 %.

Car Toyota prévoit d'investir 2.000 milliards de yens (12 milliards d'euros) durant son nouvel exercice pour soutenir sa croissance future, dans les nouvelles motorisations (électrique, hydrogène) et le numérique (logiciels, intelligence artificielle), ainsi que dans le capital humain, y compris pour ses fournisseurs et concessionnaires avec lesquels il cultive des liens très étroits.

Le chiffre d'affaires devrait encore légèrement progresser, mais de quelques pourcents à peine, loin des envolées de l'exercice écoulé. Toyota s'attend même à un léger repli de ses ventes mondiales en volume et à repasser ainsi sous la barre des 11 millions de véhicules. Elle s'attend notamment à un déclin des ventes au Japon de sa filiale Daihatsu, affectée depuis la fin de l'an dernier par un scandale d'irrégularités dans les certifications de ses véhicules sur le marché nippon.

Lire aussiScandale chez Toyota : des tests de moteurs diesel ont été truqués

La menace électrique chinoise

Surtout, Toyota se sent sérieusement menacé en Chine, et c'est l'une des raisons pour laquelle il a décidé d'investir autant sur son prochain exercice dans les nouvelles technologies. « Nous devons accepter qu'il y a certains domaines où nous sommes nettement derrière » les constructeurs chinois, a admis mercredi en conférence de presse Yoichi Miyazaki, vice-président exécutif de Toyota. « Nous savons que nous ne pouvons pas laisser cet écart se creuser encore davantage » a-t-il ajouté, soulignant que la guerre des prix imposée par les constructeurs chinois « devient de plus en plus sévère chaque jour ».

Le groupe s'est lancé dans le segment électrique plus tardivement que d'autres grands constructeurs et continue de miser en parallèle sur d'autres motorisations, pour s'adapter aux différents degrés de transition énergétique dans le monde. Si cette stratégie lui permet de mieux diversifier les risques, cela l'oblige en même temps à continuer d'investir sur tous les fronts.

Pour ménager ses actionnaires, Toyota a aussi annoncé mercredi un plan géant de rachat de ses propres actions pour 1.000 milliards de yens maximum en 2024-2025  (6 milliards d'euros au cours actuel) et une hausse de 25% de ses dividendes pour l'exercice écoulé, à 75 yens par action. Mais cela n'a pas empêché son action de finir la séance légèrement dans le rouge (-0,55%) mercredi à la Bourse de Tokyo.

Avec AFP

2024-05-08T09:37:27Z dg43tfdfdgfd